2018 sera une année à deux facettes pour Dominique A qui nous a proposé de suivre les deux fils rouges de sa carrière tel un diptyque. Le premier volet, ""Toute latitude"", enregistré en groupe, fait la part belle au rock, à l'électrique et l'électronique est sorti le 9 mars Et nous découvrons la suite le 5 octobre avec "La fragilité" et ses mélodies plus acoustiques et intimistes, enregistrée en solo cette fois-ci. La fragilité semble le pendant lumineux de Toute latitude : on y entend, si l'on prête l'oreille, un apaisement, une certaine célébration de la beauté des choses et du monde, une contemplation heureuse de paysages ("Le temps qui passe sans moi"), dont certains remontent à l'enfance (ceux de Loire Atlantique, dans "Comme au jour premier", ou ceux que l'on découvre lors de voyages, médusé, comme à Majorque : "La splendeur"). Les titres de La fragilité sont entièrement interprétés par Dominique A et enregistrés chez lui sur une console huit pistes. C'est le troisième album que l'artiste enregistre ainsi : après le fondateur La fossette (1992), La musique (2009) fut lui aussi enregistré dans la plus stricte intimité. La plupart des chansons sont des premières prises : il y en eut bien d'autres, mais ce sont toujours les premières versions qui savent conférer aux chansons ce sentiment d'intimité, d'immédiateté, de simplicité... d'une certaine juvénilité retrouvée ? - recherchées par le chanteur. Le son, l'esprit dont il est en quête, mais cette fois sur la durée de tout un album, est celui de la chanson "Rue des marais" , une première prise enregistrée à la maison, avec les moyens du bord. L'intimité, encore une fois, l'urgence et la sincérité, et le chant qui se penche vers l'enfant que l'on fut. Il semble que l'enjeu pour Dominique A n'est pas de se renouveler à tout prix mais de creuser intelligemment un même sillon, explorer de manière étonnée le même univers, en révéler les reflets changeants, au fur et à mesure que la lumière du temps y dépose ses rayons.